Bâtir des ponts : perceptions et réalités à propos des communautés d’expression anglaise du Québec et leur relation avec le français au Québec et le bilinguisme au Canada

Rapport final

Le présent rapport de recherche sur l’opinion publique présente les résultats d’une étude qualitative et quantitative menée par le Commissariat aux langues officielles du Canada et Environics Research Group.

This publication is also available in English under the title Building Bridges: Perceptions and realities about the English-speaking communities of Quebec and their relationship with French in Quebec and bilingualism in Canada.

Permission de reproduire

La présente publication peut être reproduite à des fins non commerciales seulement. Il faut avoir obtenu au préalable l’autorisation écrite du Commissariat aux langues officielles. Pour de plus amples renseignements sur ce rapport, veuillez envoyer un courriel.

© Sa Majesté le Roi du chef du Canada, représenté par le ministre de Services publics et Approvisionnement Canada, 2024

Résumé du rapport

Contexte et objectifs

Le Commissariat aux langues officielles (le Commissariat) a observé qu’au cours des dernières années, les communautés d’expression anglaise du Québec (CEAQ) se sont souvent retrouvées au cœur du discours et des débats publics dans la province. Des données tirées de sondages et du recensement révèlent qu’en général, les communautés anglophones de la province sont en grande partie bilingues et qu’elles valorisent la dualité linguistique du Canada, y compris la langue française. L’on ignore, toutefois, dans quelle mesure la population générale est consciente de ces faits à propos des CEAQ et le Commissariat souhaitait vérifier l’hypothèse selon laquelle des mythes problématiques persistent.

Dans ce contexte, et compte tenu de la modernisation de la Loi sur les langues officielles par le gouvernement fédéral en 2023, qui reconnaît la nécessité de « favoriser l’existence d’un foyer francophone majoritaire dans un Québec où l’avenir du français est assuré », ce projet de rechercheNote de bas de page 1 est l’occasion de faire la lumière sur la relation que les communautés d’expression anglaise du Québec entretiennent avec la langue française dans la province et le bilinguisme officiel au Canada dans son ensemble. Ce projet permet aussi d’explorer la possibilité que les membres de la minorité anglophone du Québec soient considérés comme des bâtisseurs de ponts, ou même comme des alliés de la promotion du français au Canada, en vue de développer un discours plus constructif qui illustre clairement leurs contributions et, au bout du compte, vient déconstruire certaines perceptions erronées.

Le projet de recherche visait à atteindre les principaux objectifs suivants :

Population ciblée

Le groupe visé par ce projet de recherche était la population générale du Québec, âgée de 18 ans et plus, divisé en fonction de la langue officielle de préférence, soit le français (les francophones) et l’anglais (les anglophonesNote de bas de page 2), mais aussi selon le lieu de résidence, soit les régions de Montréal et de Gatineau, où la présence anglophone est plus importante, et le reste du Québec, où les personnes d’expression anglaise sont relativement moins nombreuses. La « langue officielle de préférence » correspondait à la langue choisie pour prendre part au projet de recherche.

Méthodologie

Pour répondre aux objectifs de la recherche, les services d’Environics ont été retenus pour mener les volets qualitatif et quantitatif de l’étude en collaboration avec le Commissariat.

Collecte de données qualitatives

Environics Research a mené, en décembre 2023, une série de six séances virtuelles de discussion, en collaboration avec l’équipe de recherche du Commissariat, dans le but d’explorer les perceptions des membres de la population québécoise par rapport à la communauté anglophone du Québec, à son bilinguisme et à son utilisation du français. Les séances de discussion se sont déroulées sur la plateforme Zoom. Deux séances ont été menées auprès de francophones de la région métropolitaine de Montréal et de la région de Gatineau, où la présence anglophone est plus importante (le 4 décembre), et deux autres séances ont été menées auprès de francophones à l’extérieur de ces deux régions, là où les anglophones sont moins présents (le 5 décembre). Enfin, les deux dernières séances ont été menées en anglais auprès d’anglophones, l’une auprès de résidents et résidentes du Grand Montréal et de la région de Gatineau, et l’autre auprès de personnes résidant ailleurs au Québec (le 6 décembre).

Les 40 personnes recrutées étaient toutes âgées de 18 ans et plus et appartenaient à différents groupes d’âge, niveaux de scolarité et communautés ethniques. Les séances de discussion, de 90 minutes environ, regroupaient entre cinq et huit personnes (sur les huit recrutées pour chacun des groupes). En guise de remerciement, les participants se sont vu offrir la somme de 100 $ pour avoir pris part à la discussion.

Limites : L’étude qualitative jette un regard sur la diversité des opinions présentes au sein d’une population, plutôt que sur la pondération de ces opinions, ce que mesurerait une étude quantitative. Les résultats d’une recherche de ce type doivent être considérés comme des indications, mais ne peuvent être extrapolés à l’ensemble de la population.

Collecte de données quantitatives

Environics a réalisé, du 11 au 28 janvier 2024, un sondage téléphonique à échantillon probabiliste aléatoire auprès de 1 005 adultes résidant au Québec en utilisant les techniques usuelles de composition aléatoire, en collaboration avec l’équipe de recherche du Commissariat. Le sondage avait pour but de déterminer la persistance des mythes présumés et d’explorer les pistes pour renforcer l’harmonie interculturelle. Un échantillon de cette taille donne des résultats présentant une marge d’erreur de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20. Cette marge d’erreur s’avère plus importante en ce qui concerne les sous-groupes de la population à l’étude. La répartition des entrevues est décrite ci-dessous.

Répartition régionale Total Montréal/Gatineau Reste du Québec Français Anglais
Nombre de sondages terminés 1 005 565 440 885 120
Pourcentage de sondages terminés 100 % 56 % 44 % 88 % 12 %
Marge d’erreur; IC à 95 % ± 3,1 ± 4,1 ± 4,6 ± 3,3 ± 8,9

Valeur du contrat

La valeur de ce contrat s’élève à 119 186,75 $ (TVH incluse).

À propos du rapport

Le présent rapport comprend un résumé des principaux résultats des volets qualitatif et quantitatif de l’étude, précédé de renseignements obtenus d’une analyse, faite par l’équipe de recherche du Commissariat, des données du recensement et de sondages antérieurs, utilisées pour établir des mythes potentiels, et suivi d’analyses détaillées des données issues des groupes de discussion et du sondage pour explorer la nature et la persistance des mythes présumés. Un document distinct renferme, pour sa part, un ensemble de tableaux croisés présentant les résultats obtenus à toutes les questions en fonction de segments de la population définis par région et caractéristique démographique. Dans l’analyse détaillée, chacun de ces tableaux est associé à une question du sondage.

Notes d’analyse

Dans le présent rapport, les tableaux présentent les résultats quantitatifs pour la totalité des répondants, ainsi qu’une ventilation par répondants d’expression française, ou francophones (c’est-à-dire ceux qui ont choisi de répondre au sondage en français) et répondants d’expression anglaise, ou anglophones (ceux qui ont choisi de répondre au sondage en anglais). On y utilise la langue du sondage plutôt que la langue maternelle, puisque certaines questions étaient formulées différemment selon la langue officielle choisie pour répondre au sondage.

Dans le présent rapport, les résultats quantitatifs sont exprimés en pourcentage, à moins d’avis contraire. Il est possible que la somme des résultats ne soit pas égale à 100 % en raison de l’arrondissement des nombres ou de réponses multiples. Il est également possible que les résultats nets mentionnés dans le texte ne correspondent pas exactement aux résultats individuels figurant dans les tableaux en raison de l’arrondissement.

Principaux résultats – survol

Les résultats de la recherche viennent confirmer l’hypothèse selon laquelle certains mythes et certaines idées erronées visant les CEAQ persistent dans la population générale au Québec. Cependant, leur nature et leur ampleur ne sont pas telles qu’elles rendent toute amélioration impossible. Fait encourageant : les francophones et les anglophones du Québec semblent s’entendre beaucoup mieux sur le plan individuel que ce que laisse entendre le discours public. La compréhension du public pourrait particulièrement être améliorée à l’aide d’exemples constructifs de l’engagement des CEAQ envers la langue française, étayés par des données concrètes, et en particulier en encourageant des interactions en personne plus positives entre les membres de la majorité francophone et de la minorité anglophone du Québec, pour le compte de la dualité linguistique plus générale du Canada.

Principaux résultats – recherche préliminaire

Principaux résultats – phase qualitative

Principaux résultats – phase quantitative

A. Les interactions avec les locuteurs et locutrices de l’autre langue officielle

  • Parmi les membres de la population québécoise qui ont des interactions avec les locuteurs de l’autre langue (n = 909), la vaste majorité (87 %), soit 89 % des francophones et 81 % des anglophones, a qualifié ces interactions de positives. Le pourcentage est particulièrement élevé (94 %) chez ceux et celles qui interagissent très souvent avec l’autre groupe.
  • Toutefois, une importante majorité trouve problématique que les francophones et les anglophones, en tant que groupes, entretiennent de nombreuses idées erronées les uns à propos des autres. Cette opinion est partagée par les deux communautés linguistiques, 61 % des francophones et 67 % des anglophones se disant plutôt ou tout à fait de cet avis.

B.  Les opinions à l’endroit des anglophones du Québec

  • Alors que les anglophones sont, en général, conscients de l’usage du français par la population d’expression anglaise, les francophones tendent à le sous-estimer. Une minorité importante des répondants d’expression française est néanmoins consciente de la mesure dans laquelle plusieurs anglophones de la province peuvent parler et parlent le français dans une sphère importante de leur vie.
  • Les anglophones sont deux fois plus susceptibles (58 %) que les francophones (29 %) de savoir que la plupart des membres de la population québécoise de langue maternelle anglaise peuvent soutenir une conversation en français.
  • Chez les francophones, une majorité (54 %) croit qu’il est faux que la plupart des membres de la population québécoise de langue maternelle anglaise utilisent régulièrement le français dans leur quotidien. Les membres de ce groupe sont répartis uniformément entre ceux qui estiment vrai et ceux qui estiment faux que la plupart des élèves du Québec de langue maternelle anglaise fréquentent des écoles francophones ou sont inscrits dans des programmes d’immersion en français (44 % croient que cet énoncé est vrai et 47 % le jugent faux). En revanche, de vastes majorités d’anglophones (plus de sept sur dix) croient, à juste titre, que chacun de ces énoncés était vrai.
  • Les anglophones sont beaucoup plus susceptibles que les francophones de savoir qu’il est faux de penser que la plupart des travailleurs et des travailleuses du Québec de langue maternelle anglaise travaillent uniquement dans cette langue (62 % contre 33 %). Ils et elles sont aussi plus nombreux à savoir qu’il est faux de dire qu’au Québec, la plupart des enfants nés d’un parent de langue maternelle française et d’un autre de langue maternelle anglaise finissent par adopter l’anglais comme leur langue maternelle, plutôt que le français (54 %, contre 35 % chez les francophones).
  • La plupart des francophones (56 %, contre 46 % chez les anglophones) croient qu’il est rare que les anglophones du Québec s’intéressent à la culture de langue française, et une majorité (73 %, contre 44 % chez les anglophones) juge aussi que le bilinguisme officiel du Canada est plus valorisé par les francophones que par les anglophones au Québec. La moitié des francophones du Québec (51 %, contre 35 % chez les anglophones) est d’avis que les anglophones de la province restent entre eux et n’interagissent pas beaucoup avec la communauté d’expression française.
  • Alors que la plupart des Québécois d’expression anglaise (64 %) sont conscients qu’une forte majorité de la population canadienne hors Québec appuie la Loi sur les langues officielles, l’avis des francophones sur la question est davantage partagé (44 % estiment que cet énoncé est vrai et 50 % le croient faux).

C.  Regard vers l’avenir

  • Une grande majorité des gens convient que l’on pourrait améliorer un peu ou beaucoup les relations entre les deux communautés linguistiques de la province en mettant en valeur le bilinguisme des anglophones du Québec, par la diffusion de statistiques et d’histoires personnelles ainsi qu’une plus grande présence de porte-parole s’intéressant à la culture de langue française.
  • Toutefois, dans tous les groupes, la mesure ayant obtenu le plus grand appui, et de loin, consiste à favoriser plus d’interactions positives entre francophones et anglophones par l’intermédiaire d’activités sociales comme les programmes d’échange jeunesse, les clubs sociaux, la musique, le sport ou d’autres champs d’intérêt spécifiques.
  • Une majorité au sein des deux communautés linguistiques de la province (77 % chez les anglophones et 71 % chez les francophones) convient que les Québécois d’expression anglaise peuvent jouer un rôle important en servant de pont entre les francophones du Québec et les anglophones du reste du Canada.

Énoncé de neutralité politique et coordonnées

Par la présente, je certifie, en tant que cadre supérieur d’Environics, que les produits livrables sont entièrement conformes aux exigences du gouvernement du Canada en matière de neutralité politique, comme elles sont définies dans la Politique sur les communications et l’image de marque et la Directive sur la gestion des communications. Plus particulièrement, les produits livrables ne font aucune mention des intentions de vote électoral, des préférences quant aux partis politiques, des positions des partis ou de l’évaluation de la performance d’un parti politique ou de son chef.

Derek Leebosh
Vice-président, Affaires publiques, Environics Research Group

Fournisseur : Environics Research Group

Pour en savoir plus, veuillez communiquer avec le Commissariat aux langues officielles.